Le boom de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur

Découvrez pourquoi, de par la diversification de l'offre de formation en alternance, de plus en plus d'étudiants et de salariés en reconversion se tournent vers l'apprentissage.

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En 2019, la France comptait 491 000 apprentis, soit une hausse de 16 % par rapport à 2018. Pour encourager les entreprises à continuer de recruter des salariés en contrat d’apprentissage et de professionnalisation (les deux types de contrats disponibles en alternance) malgré le contexte économique difficile, le gouvernement a pris récemment des mesures de relance exceptionnelles. Annonce peu surprenante, étant donné que l’apprentissage est une modalité privilégiée par le Ministère du Travail dans sa lutte contre le chômage, qui avait déjà été renforcée par la loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel en 2018. 

Une ouverture à des métiers recherchés

Longtemps réservé aux métiers de l’artisanat, de l’industrie et du bâtiment, destiné aux jeunes moins qualifiés et souffrant parfois d’une image réductrice, l’apprentissage se développe considérablement depuis les années 90 et attire des profils toujours plus variés. Accessible désormais depuis le collège (niveau troisième) grâce à la création des « prépa-métiers », l’apprentissage est également de plus en plus prisé par les diplômés et les salariés en reconversion, pour poursuivre une formation au niveau de l’enseignement secondaire.

En effet, on l’ignore souvent, mais les contrats d’apprentissage peuvent être délivrés à tous les niveaux d’études, du CAP/BEP au Master (Bac +5). Il peut donc s’agir de contrats délivrés à de jeunes artisans en devenir comme à des futurs cadres. L’apprentissage séduit de plus en plus les élèves de l’enseignement supérieur qui souhaitent combiner leurs études à une activité rémunérée qui leur permet d’obtenir une première expérience professionnelle. En effet, le référent formateur peut tout à fait être une école d’ingénieur, une université ou une business school. Les entreprises sont d’ailleurs friandes de ces profils qualifiés qu’elles peuvent former tout en recevant une aide de l’État.

Sans grande surprise, ce mode d’enseignement s’ouvre de plus en plus à des secteurs très recherchés de nos jours : ainsi, l’alternance en marketing et en communication est en plein boom. De plus, suite encore une fois aux réformes de la loi Avenir professionnel, les conditions de mobilité des apprentis ont été recadrées, afin de permettre aux apprenants d’effectuer une partie du programme à l’étranger et de suivre donc une alternance en anglais, par exemple.

Une formule gagnant-gagnant

En 2018, 179 800 jeunes ont suivi une formation du supérieur en apprentissage : ces derniers constituent désormais 40 % des apprentis totaux. Le brevet de technicien supérieur (BTS) reste le cursus le plus prisé de ces derniers, mais le diplôme d’ingénieur figure aussi en bonne place, tout comme la Licence et le Master (ils totalisent chacun entre 19 400 et 24 400 apprentis). Un an plus tard, on constatait une hausse d’environ 10 % des apprentis préparant un DUT, une Licence ou un Master, et de plus de 15 % pour les doctorats et autres diplômes de niveau I (grandes écoles, par exemple). Même si le phénomène s’est accentué ces dernières années, ce n’est pas une nouveauté.

En effet, selon la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), « l’apprentissage est possible dans l’enseignement supérieur depuis la réforme Séguin de 1987. Mais son développement ne se réalise qu’à partir du milieu des années 1990 et s’amplifie nettement avec l’ouverture des licences et des Masters suite à la réforme LMD (Licence, Master, Doctorat) dans les années 2000. » Conséquence, la conférence des grandes écoles, qui regroupe plus de 220 écoles de commerce et d’ingénieurs, indiquait récemment que le taux de ses élèves en apprentissage atteignait désormais 15,5 %, preuve que l’offre de parcours post-bac en apprentissage s’est très fortement renforcée ces dernières années.

L’école de commerce Grenoble École de Management (GEM) a bien identifié les clés d’un tel engouement : « L’alternance est une formule gagnant-gagnant. L’entreprise dispose pour un ou deux ans d’un étudiant de très bon niveau qui retourne régulièrement à l’école pour renforcer ses fondamentaux. L’étudiant acquiert avant le diplôme une riche expérience professionnelle, en s’appuyant si besoin sur ses enseignants pour traiter les difficultés rencontrées. » Pour la GEM, c’est aussi bénéfique pour l’école, qui permet de rester au contact du monde professionnel et de ses évolutions. L’établissement s’est donc positionné sur ce créneau porteur et a mis en place, sur l’année scolaire 2018/19, 650 contrats alternants, dont 120 d’apprentissage, soit une hausse de 30 % par rapport aux deux années précédentes. Selon l’école, 80 % des élèves recrutés par la suite le sont par des grands groupes.

Vers plus de formations professionnalisantes

En 2016, un rapport de l’Apec, observatoire du marché de l’emploi des cadres, expliquait la progression de l’alternance par une volonté de démocratiser l’enseignement supérieur et l’apparition de formations de plus en plus professionnalisantes dans les écoles et les universités, qui nécessitent donc une approche plus pratique et concrète, ce que permet justement l’alternance. Des écoles d’ingénieurs, par exemple, avaient remarqué déjà à l’époque un besoin croissant d’ingénieurs en vue de l’aménagement numérique du territoire par le gouvernement. Rien d’étonnant donc à constater que 70 % des alternants de niveau Bac +4 et Bac +5 se trouvaient dans le secteur de l’informatique, des télécoms, de l’ingénierie, de la recherche, du génie civil, de la chimie et du pharmaceutique. Autre domaine en plein boom, le médico-social : d’ici 2030, 350 000 emplois seront à pourvoir dans le secteur des Ehpad et de l’aide à domicile. En réponse, le syndicat national des établissements et résidences privées prévoit de recruter 6 000 apprentis d’ici 2022.

Reste à faire passer le message auprès des jeunes. Ces derniers en entendent souvent parler par le bouche-à-oreille, mais également lors de salons d’orientation ou de journées portes ouvertes. S’ils sont intéressés, ils poursuivent en général leur recherches sur Internet, sur les sites des différents établissements ou des plateformes dédiées à l’orientation. Il est donc vital de communiquer sur son offre d’alternance pour attirer ces jeunes en besoin d’insertion professionnelle.

Si vous êtes étudiant ou en quête de formation, sachez que même si l’alternance reste une modalité efficace aux nombreux débouchés, elle requiert une motivation et un investissement personnel importants, notamment au niveau de la durée (de 6 mois à trois ans) et du rythme de travail (environ ⅔ du cursus est effectué au sein de l‘entreprise, à temps plein). Pour en savoir plus et découvrir si l’alternance est faite pour vous, consultez notre article consacré au sujet.


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