Face à la crise climatique, les entreprises ne peuvent plus se limiter aux économies d’énergie et à la réduction des gaz à effet de serre. Elles doivent également repenser leurs stratégies RSE pour y intégrer les enjeux liés à la biodiversité. C’est pourquoi le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), membre de l'Alliance Sorbonne Université, propose une formation permettant aux entreprises de mieux considérer l’impact de leurs activités sur la biodiversité pour protéger le vivant. Rencontre avec Olivier Penaud, délégué développement durable au MNHN.
La montée en puissance des enjeux de biodiversité pour les entreprises
Les entreprises et établissements publics se sont progressivement emparés des sujets liés à la gestion énergétique et à la réduction des émissions de carbone, principalement poussés par des préoccupations économiques et réglementaires. « Aujourd’hui, les problématiques liées à l’énergie et aux gaz à effet de serre font partie intégrante des mœurs et de la culture professionnelle. Les organisations se sont structurées, disposent d’outils et méthodes pour traiter ces sujets. Un cadre existe, même si toutes les entreprises n’ont pas le même niveau de maturité », explique Olivier Penaud.
Cependant, un nouveau défi prend aujourd’hui une importance croissante : la biodiversité. Longtemps reléguée au second plan, souvent traitée de manière symbolique à travers des initiatives ponctuelles telles que l’installation de ruches ou la végétalisation superficielle des espaces professionnels, la biodiversité devient désormais un enjeu stratégique majeur.
« Les entreprises ont intégré depuis des années les questions relatives à la gestion de l’énergie, des déchets, des rejets atmosphériques. Elles ont appréhendé ces enjeux à l’aune de leurs impacts et se sont structurées autour d’eux. Le sujet de la biodiversité, lui, accrochait moins. Mais le dérèglement climatique amène désormais les entreprises à se poser de plus en plus de questions sur la biodiversité », précise Olivier Penaud.
En effet, si l'évolution réglementaire a contribué à valoriser la biodiversité, c'est avant tout l'impact croissant de son déclin sur les modèles économiques qui incite désormais les entreprises à agir. La biodiversité affecte directement les chaînes de valeur, les approvisionnements et la pérennité des activités économiques. Sa prise en compte devient donc un impératif économique, en raison des risques majeurs liés à l’épuisement des ressources naturelles et aux perturbations des écosystèmes.
Toutefois, préserver la biodiversité requiert une compréhension approfondie du fonctionnement du vivant et une approche différente des logiques appliquées à l’énergie et au carbone. « La biodiversité est un sujet particulièrement complexe en raison de la diversité et de la multiplicité des interactions existant au sein des écosystèmes, des spécificités territoriales, et de la difficulté d’estimer les impacts indirects générés par les activités économiques », poursuit Olivier Penaud.
Cette complexité exige donc des entreprises qu’elles adoptent une approche systémique, et adaptative, capable de prendre en compte une variété de facteurs environnementaux parfois contradictoires. Afin d'éviter les pièges et de développer les bons réflexes, il est essentiel qu’elles soient sensibilisées, formées et préparées à cette nouvelle réalité.
Intégrer la biodiversité dans la RSE : objectif de la formation du MNHN
Le Muséum national d’histoire naturelle propose une formation intitulée « Comprendre et intégrer les enjeux de biodiversité dans une démarche RSE et développement durable ». Ce programme pragmatique et interactif, animé par des scientifiques expérimentés, s’adresse aux référents développement durable et RSE souhaitant renforcer leurs compétences.
Durant deux jours, les participants explorent concrètement la notion de biodiversité, comprennent pourquoi l’on parle aujourd’hui d’une « sixième extinction » et découvrent comment les activités économiques fragilisent les écosystèmes. La formation permet de présenter des outils et de questionner les méthodes de calcul d’impact que les participants pourront intégrer dans leurs démarches RSE.
Grâce à des ateliers pratiques, les participants partagent leurs expériences, identifient les leviers opérationnels pour réduire leur empreinte écologique, et mettent en application les connaissances acquises. Ces échanges facilitent la diffusion de bonnes pratiques et la co-construction de solutions innovantes tout en optimisant les bénéfices économiques associés à une gestion responsable du vivant.
« Les ateliers sont conçus pour répondre aux problématiques réelles des entreprises. Les échanges permettent de repérer les éventuels freins à l’intégration de la biodiversité et de réfléchir ensemble à des stratégies pragmatiques pour les surmonter », indique Olivier Penaud.
L’approche interactive du programme permet également d’échanger directement avec des experts du vivant et d’obtenir des réponses précises à leurs problématiques quotidiennes. Le cadre scientifique rigoureux apporté par le MNHN garantit une formation fondée sur des connaissances actualisées et scientifiquement validées.
Toutefois, chaque entreprise étant confrontée à des enjeux spécifiques, deux journées de formation ne suffisent pas à répondre à toutes leurs interrogations. C’est pourquoi le MNHN accompagne les participants afin qu’ils structurent leur réflexion, se posent les bonnes questions et disposent des outils adaptés pour intégrer la biodiversité dans leur modèle d’affaires, aussi bien en amont qu'en aval de leur activité.
La formation se veut également rassurante : le respect des réglementations environnementales contribue déjà à réduire les pressions sur la biodiversité. La protection du vivant constitue une nouvelle clef de lecture qui renforce les efforts déjà menés en faveur de l’environnement.
« Il ne s’agit pas de déprimer les entreprises, car elles sont souvent plus avancées qu’elles ne le pensent. La formation les encourage simplement à aller plus loin, en intégrant pleinement la biodiversité dans leur stratégie globale, afin de construire un avenir économique plus résilient et durable face aux changements actuels », conclut Olivier Penaud.