Le pilotage de projets innovants requiert à la fois de comprendre les enjeux techniques, souvent très pointus, et d’être en mesure de gérer les dimensions business à travers des compétences transversales. Le Mastère Spécialisé® Innovation, Entrepreneurship & Management (MS IEM) de l’ISAE-SUPAERO permet à ses diplômés de « marcher sur leurs deux jambes » en matière de pilotage de projets innovants. Rencontre avec le responsable pédagogique de cette formation, Romain Buquet.
L’innovation ne se limite pas à la technologie
Un projet innovant ne se résume pas à une avancée technologique ou à une simple invention. Il repose sur la combinaison de deux éléments essentiels : une invention et la création d'un modèle économique viable. Ce croisement est fondamental, car une invention, même brillante, n'a de valeur que si elle rencontre un marché, offre de la valeur ajoutée et répond à des besoins réels.
« Il existe un tropisme très fort chez les ingénieurs, comme dans la population en général, à voir l'innovation uniquement sous l'angle technologique, en la confondant avec la Recherche & Développement (R&D). Une vision limitée qui peut entraîner le développement de technologies avancées sans aucune pertinence pour le marché. Elles échouent alors à transformer le monde réel, car elles n'apportent pas de solutions à des problèmes concrets », indique Romain Buquet, responsable du Mastère Spécialisé® Innovation, Entrepreneurship & Management (MS IEM) de l’ISAE-SUPAERO.
Pour être utile, un projet innovant doit combiner une solution novatrice pertinente avec un modèle économique qui génère de la valeur pour le client ou l’utilisateur final. D’ailleurs, les plus grandes startups françaises, les fameuses licornes, ne sont pas basées sur de la deep tech, mais offrent plutôt des ruptures d’usage et des évolutions de business models. L’innovation ne peut pas se limiter à la technologie et doit impérativement inclure une dimension business.
Les projets innovants, au sein des grandes entreprises (intrapreneuriat) ou dans le cadre d'un projet d’entrepreneuriat, se distinguent par la notion d’incertitude. Contrairement aux projets classiques, où les objectifs sont connus et bien définis, les projets innovants font face à des inconnues. « Il ne s'agit pas de répondre à un cahier des charges prédéfini, mais de résoudre un problème qui, par définition, n'a pas encore de solution évidente. Cela demande une méthode de travail agile et itérative. Le manager doit savoir faire des boucles, recueillir des feedbacks et ajuster le projet en fonction des retours obtenus, un peu à la manière des startups », précise Romain Buquet.
Cependant, le système de formation français reste encore trop cloisonné. Les ingénieurs y sont formés principalement sur les aspects techniques et scientifiques, tandis que les professionnels du business sont souvent déconnectés des enjeux technologiques. Cette division des compétences nuit à la capacité à innover véritablement. Dans un monde où tout change rapidement, il est nécessaire de pouvoir marier ces deux domaines.
Mastère Spécialisé® (MS) IEM : quand innovation rime avec business
Le Mastère Spécialisé® Innovation, Entrepreneurship & Management (MS IEM) de l’ISAE-SUPAERO se fixe pour objectif de donner des clés managériales et entrepreneuriales à des profils scientifiques mais également à des profils non-scientifiques, afin de les sortir de leur zone de confort et à ouvrir le champ des possibles. « Trop souvent, le manager ne saisit pas la portée de la technologie et l’ingénieur fonce tête baissée vers une technologie sans savoir si ça répond aux besoins des clients. Pour piloter un projet innovant, il faut marcher sur deux jambes. D’une part, comprendre les enjeux scientifiques et avancer avec rigueur. Et d’autre part, développer des compétences managériales », précise Romain Buquet.
Le MS IEM accueille en majorité des apprenants ayant des profils d’ingénieurs. Il s’agit à la fois de jeunes diplômés qui souhaitent prendre du recul sur la technique, et à la fois de professionnels aguerris qui souhaitent explorer de nouveaux horizons, voire créer leur propre entreprise. « Nos apprenants ont un point commun : ils veulent avoir un réel impact sur le monde. Et c’est grâce à notre formation qu’ils comptent réussir à changer les choses. On forme des entrepreneurs au sens très large du terme », assure Romain Buquet.
« Ils apprennent à maîtriser la technologie et connaître l’industrie grâce à des méthodes d’ingénierie rigoureuses. Dans le même temps, ils développent un sens des affaires et une capacité d’innovation propres aux entrepreneurs. Notre programme livre les outils permettant d’entreprendre des projets innovants dans leur intégralité, de la génération d’idées à la commercialisation, dans tous secteurs d’activité », poursuit l’enseignant.
Une formation complète
La formation académique se tient de septembre à mars, à plein temps, et est constituée de trois grands blocs : « Comment faire émerger des idées innovantes grâce à l’idéation et à l’intelligence collective ? (environ 100 heures) » ; « Mener un projet d’innovation avec la gestion de projet, les soft skills, ainsi que le management de projet et d’équipe » (environ 150 heures) ; « Comment structurer des projets innovants, qu’il s’agisse d’entrepreneuriat ou d’intrapreneuriat, comment les pitcher et comment préparer les levées de fonds ?» (environ 100 heures)
« La spécificité de notre formation, c’est qu’elle se déroule au cœur d’une école d’ingénieurs. Notre cible est donc très pointue sur la technologie, les produits et la science », conclut Romain Buquet. Un projet fil rouge de création d’entreprise est tissé tout au long de l’année.
Après ce semestre académique, les apprenants effectuent une mission professionnelle (stage de 4 à 6 mois, CDD, CDI, VIE …) de quatre à six mois à partir du mois d’avril et soutiennent leur thèse professionnelle en septembre. 92% des participants au MS IEM diplômés en décembre 2023 étaient en poste 4 mois après leur remise de diplôme : 67% étaient salariés et 25% étaient en création ou reprise d’entreprise.
Pour encourager les vocations, l’ISAE-SUPAERO offre, en partenariat avec Safran, 2 bourses (exemption des frais de scolarité) à des participants admis au Mastère Spécialisé® Innovation, Entrepreneurship and Management.