Comment développer une culture de l'intelligence collective ?

Les meilleures idées naissent rarement dans l’isolement. Elles sont souvent la somme d’intuitions, de discussions et d’échanges qui permettent de faire émerger une solution inédite. Pourtant, dans de nombreuses entreprises, la collaboration reste freinée par des structures rigides et une aversion au risque. 

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », rappelle Olivier Friedman, fondateur du cabinet PrismUp et intervenant à NEOMA Business School . Aujourd’hui, l’intelligence collective n’est plus seulement un atout : c’est un impératif pour innover et s’adapter à des défis toujours plus complexes. Encore faut-il savoir la cultiver. Comment créer un environnement où les idées circulent librement ? Quels outils permettent de structurer cette intelligence partagée ? Décryptage d’un levier clé de l’innovation.

Olivier Friedman
NEOMA Business School

Briser les silos pour libérer l’innovation 

Les entreprises les plus performantes ont compris qu’une organisation trop rigide est un frein à l’intelligence collective.

L’innovation émerge du croisement des perspectives, mais encore faut-il créer des espaces de dialogue et de collaboration. 

Certaines entreprises ont déjà pris ce virage en organisant régulièrement des hackathons ou des concours d’innovation. « L’Oréal utilise ces événements pour faire travailler ensemble des collaborateurs qui n’interagissent pas au quotidien. Cela casse les barrières et stimule la créativité », illustre-t-il.
Autre outil puissant : le co-développement, une méthode en six étapes qui permet aux équipes d’apporter des solutions concrètes à un problème. « L’effet ‘waouh’ est extraordinaire : en quelques heures, un groupe arrive à débloquer des situations qui traînaient depuis des mois », souligne-t-il. 

Créer un climat propice à l’expression des idées 

L’un des principaux freins à l’intelligence collective en entreprise est la peur du jugement et de l’erreur. « En France, l’échec est encore perçu comme une faute, alors qu’il devrait être un apprentissage », déplore Olivier Friedman. Pour lever ces blocages, certaines entreprises adoptent des approches inspirées des géants du numérique. « Chez Google, 20 % du temps des employés est consacré à des projets personnels, sans validation hiérarchique. C’est ainsi que Gmail est né ! », rappelle-t-il. 

Ce type d’initiative repose sur un principe clé : la sécurité psychologique. « Un collaborateur doit se sentir suffisamment en confiance pour proposer une idée divergente, même si l’entreprise a l’habitude de voir le monde en rouge et qu’il suggère du bleu », explique le coach. Instaurer cette culture nécessite un travail en profondeur sur le management. 

Former les managers à l’intelligence collective 

Les dirigeants et managers ont un rôle essentiel à jouer dans cette dynamique. « Une entreprise, c’est comme une tasse d’eau chaude : la direction est le sachet de thé, c’est elle qui infuse la culture de l’organisation », image Olivier Friedman. Pour que l’intelligence collective s’ancre durablement, il faut donc commencer par former les managers à ces nouvelles pratiques. 

En effet, il faut donner aux équipes les bons outils pour structurer l’intelligence collective. Des méthodologies comme le design thinking, les forums ouverts ou encore la "marguerite holomorphique" aident à canaliser la créativité et à la transformer en actions concrètes.

C’est dans cette optique que des institutions comme NEOMA Business School intègrent cette approche dans leurs programmes de formation. « Dans chaque formation que j’anime, quelle que soit la thématique, j’utilise l’intelligence collective comme modalité pédagogique. Les apprenants ne sont pas de simples récepteurs d’information, ils contribuent activement à la réflexion. Le formateur ne sait pas tout, et ce sont eux qui connaissent le mieux leur entreprise et leur métier. », précise-t-il. Cette approche permet non seulement d’ancrer les connaissances, mais aussi de renforcer les liens entre participants. 

Mesurer l’impact de l’intelligence collective sur la performance

Si l’intelligence collective est un levier d’innovation, comment évaluer son impact concret sur l’entreprise ?
« C’est difficile à quantifier directement, mais on observe plusieurs effets : des projets délivrés plus rapidement, une meilleure rétention des talents et un gain de parts de marché », explique Olivier Friedman. Une culture collaborative permet de résoudre plus vite les blocages, d’accélérer la mise sur le marché de nouveaux produits et d’engager davantage les collaborateurs. 

Pour les nouvelles générations, cet enjeu est encore plus crucial. « La Gen Z a grandi avec les réseaux sociaux, dans un monde ultra-connecté. Ils ont besoin de collectif pour avancer. Les entreprises qui ne prennent pas ce virage risquent de devenir des morts-vivants », prévient-il. 

L’intelligence collective à l’ère de l’IA 

Avec l’essor de l’intelligence artificielle, l’intelligence collective est-elle menacée ? « L’IA ne remplacera jamais le collectif humain, elle peut seulement l’enrichir », nuance Olivier Friedman. L’enjeu est donc de l’intégrer comme un participant à part entière, capable d’apporter des données et des perspectives supplémentaires, mais sans se substituer à la réflexion humaine. 

Alors que les entreprises cherchent à innover toujours plus vite, l’intelligence collective s’impose comme un levier incontournable. Briser les silos, instaurer un climat de confiance, former les managers et intégrer l’IA comme un allié : autant d’actions essentielles pour faire de la collaboration un moteur de l’innovation. Un enjeu que NEOMA Business School place au cœur de ses formations, pour préparer les leaders de demain à s’appuyer sur la force du collectif.

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