La formation des managers, pilier de l'entreprise durable et humaine

« En 2025, l’entreprise durable est avant tout une entreprise humaine. » Cette conviction, portée par Mathieu Rambault, consultant et formateur auprès de CentraleSupélec Exed, souligne un enjeu majeur : la pérennité des organisations ne repose plus uniquement sur leur performance économique. Derrière les discours sur la transition écologique et la révolution technologique, une autre urgence s’impose, tout aussi décisive : comment fédérer les équipes et éviter l’essoufflement des organisations ?

Dans un monde en perpétuelle accélération, les cadres et dirigeants sont partagés entre la pression des résultats immédiats et la nécessité de bâtir une vision à long terme. Dès lors, comment créer les conditions d’un engagement durable des équipes ?

Mathieu Rambault
CentraleSupélec Exed

L’entreprise durable : au-delà des critères environnementaux, une question humaine

Lorsqu’on parle de durabilité, la réflexion se focalise souvent sur la transition écologique, l’efficacité énergétique ou l’adaptation aux réglementations. Pourtant, cette approche occulte un facteur essentiel : la pérennité d’une entreprise repose avant tout sur sa capacité à mobiliser ses équipes.

Les managers et cadres que rencontre Mathieu Rambault expriment souvent les mêmes préoccupations.

Le développement technologique rapide ne change rien à cette réalité, au contraire : « Malgré l’accélération de la technologie, ce sont toujours des humains qui la gèrent et travaillent ensemble. L’humain reste primordial. » Cette prise de conscience est essentielle pour les managers et les cadres, qui jouent un rôle déterminant dans la transformation durable de leur entreprise.

Le rôle clé des managers : entre leadership et capacité d’écoute

Les managers et dirigeants ont un impact direct sur la culture et la stratégie de leur organisation. Mais leur rôle ne se limite pas à imposer des décisions. Pour Mathieu Rambault, leur véritable mission réside dans l’écoute et la compréhension des enjeux humains.

« Ce qui me marque chez les managers que je forme, c’est leur réelle envie de faire mieux. Ils sont conscients de leur pouvoir décisionnel, mais aussi du fait qu’ils ne peuvent pas tout faire seuls. Il y a un vrai besoin de se mettre en relation avec les autres, de comprendre plutôt que d’imposer. »

Cela peut sembler paradoxal dans un monde où la performance et les résultats sont omniprésents. Pourtant, selon lui, un bon manager doit savoir ralentir avant d’accélérer.

« Il faut parfois prendre du recul, ralentir au début pour pouvoir accélérer ensuite. C’est une posture difficile à adopter, car les dirigeants sont jugés sur leurs résultats immédiats. Mais c’est essentiel pour bâtir une dynamique durable. »

Face à ces défis, comment aider les cadres à adopter cette posture ? C’est là que l’Executive Education joue un rôle clé.

L’Executive Education : un levier de transformation pour les managers, dirigeants et organisations

La formation continue des managers et dirigeants a profondément évolué ces dernières années. « On observe une véritable phase d’innovation autour de l’accompagnement des managers et cadres dirigeants », souligne Mathieu Rambault. L’Executive Education ne se limite plus à une simple montée en compétences techniques : elle devient un outil de transformation personnelle et managériale.

Des approches novatrices émergent pour aider les leaders à mieux se comprendre et à affiner leur posture. L’équicoaching, par exemple, repose sur l’interaction avec des chevaux pour développer des compétences en leadership et en communication. « Avec un cheval, il est impossible de tricher : il réagit directement à notre posture et à notre état d’esprit. Cela oblige les managers à travailler sur eux-mêmes avant même de vouloir embarquer une équipe. »

À CentraleSupélec Exed, où Mathieu Rambault intervient, cette tendance se confirme. « Historiquement, l’école était très orientée sur les compétences techniques : développement durable, IA, gestion de projets complexes… Aujourd’hui, les formations comportementales prennent de plus en plus d’ampleur.».
L’approche fondamentale de CentraleSupélec EXED s’appuie tant sur les hard skills que les softs skills afin d’apporter une double compétence aux apprenants. C’est pourquoi elle développe des formations telles que “Communiquer autrement : développer ses compétences relationnelles grâce à la communication non violente” qui en est un bon exemple.

Convaincre les entreprises d’investir dans la formation continue

Si la formation continue offre des bénéfices tangibles, elle reste parfois perçue comme une contrainte, notamment en raison du manque de temps des équipes. « On me dit souvent : “Ce n’est pas pour maintenant, on n’a pas le temps.” Mais c’est justement en prenant ce temps que l’on en gagne énormément ensuite. »

Certaines entreprises ont pourtant franchi le cap et mesurent déjà les effets positifs d’un investissement dans la formation. Mathieu Rambault évoque le cas d’une société industrielle en pleine expansion, confrontée à une montée en charge rapide de ses projets : « La direction voulait responsabiliser davantage ses équipes, mais ces dernières ne savaient pas où elles allaient. Grâce à la formation, on a pu formaliser une vision claire et partagée et donner aux collaborateurs les moyens de s’approprier eux-mêmes la stratégie. »

Un autre exemple marquant est celui d’une entreprise du secteur de la cybersécurité, où les équipes étaient en surcharge constante. « Le dirigeant a compris qu’il fallait réorganiser le temps de travail pour consacrer 20 % de la charge des équipes à la réflexion et à l’amélioration des processus. Cela a permis de sortir d’un mode “gestion des urgences” et de redonner du souffle à l’organisation. »

La clé du succès repose donc sur un changement de perspective : considérer la formation non pas comme un coût dépense, mais comme un investissement stratégique. « Trop souvent, l’action immédiate prend le pas sur la réflexion. Mais si l’on ne s’accorde jamais ce temps, on finit inévitablement en situation de crise. »

Vers un management résilient, durable et efficace

En définitive, la formation continue des managers et dirigeants s’impose comme un levier incontournable pour bâtir une entreprise véritablement durable. Elle ne se limite pas à une acquisition de connaissances, mais engage une transformation en profondeur des pratiques managériales.

« Une meilleure cohésion d’équipe commence par une chose simple : les gens se parlent, partagent. Ils osent dire ce qui fonctionne, mais aussi ce qui ne fonctionne pas.»

Investir dans la formation des managers n’est plus une option, mais une nécessité pour bâtir des organisations durables qui placent l’humain au cœur de leur stratégie.

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