Transformation digitale : comment accompagner les entreprises ?

Et si l’avenir de l’entreprise s’écrivait en code ? La révolution numérique a profondément modifié le paysage des entreprises, forçant celles-ci à s'adapter aux défis du monde digital. Jean-Loup Richet, co-directeur de la Chaire Risques et Maître de conférences à l'IAE Paris-Sorbonne, partage son point de vue sur les enjeux actuels et les compétences nécessaires pour réussir cette mutation. 

Jean-Loup Richet
IAE Paris-Sorbonne

Les défis actuels de la transformation digitale 

Les entreprises font face à des défis fondamentaux dans leur quête de transformation digitale. Jean-Loup Richet en distingue deux types : les défis persistants qui existent depuis plusieurs décennies, et ceux qui ont émergé dans les dernières années. “Certains défis liés à la transformation digitale sont connus depuis plus de 30 ans, on souhaiterait qu’ils soient enfin couverts, mais malheureusement ce n’est souvent pas le cas. Je pense ici à la résistance au changement qui est particulièrement tenace, mais aussi aux difficultés à impulser une réelle culture de la transformation digitale en entreprise.”

En parallèle, de nouveaux défis ont émergé, notamment la cybersécurité face à l'escalade de la violence numérique, la prise en compte du Green IT pour des systèmes informatiques durables, et la gestion de la complexité induite par l'intégration d'outils tels que l'intelligence artificielle et la blockchain. 

Pour Jean-Loup Richet, l'impact est généralisé, touchant même des secteurs a priori éloignés du numérique, comme l'éducation ou l’agriculture. “Dans le secteur de l’éducation, on voit apparaitre des initiatives innovantes, à l’image de l'introduction d'avatars basés sur l’intelligence artificielle à l'IAE Paris-Sorbonne. Dans l'agriculture, les objets connectés et l'analyse de données massives permettent aujourd’hui d’optimiser la gestion des récoltes. Tous les secteurs sont concernés, mais aussi toutes les tailles d’entreprise, y compris les PME qui ont tout intérêt à s’engager dans des projets de transformation digitale.”

70 % des transformations numériques n’atteindraient pas leurs objectifs 

La transformation digitale représente un besoin crucial pour les entreprises, offrant la possibilité de changer radicalement la structure d'un ERP (Enterprise Ressource Planning, ou en français, Progiciel de Gestion Intégré) ou de mettre en œuvre des projets innovants (IA, blockchain, etc).  

Cependant, Jean Loup Richet met en garde contre les coûts élevés (parfois plusieurs centaines de millions d’euros), la complexité et les risques associés à de tels projets. Selon le Boston Consulting Group, près de 70 % des transformations numériques n’atteindraient pas leurs objectifs, soulignant l'importance d'une gestion minutieuse. 

Comparant la situation actuelle à celle d'il y a dix ans, Jean-Loup Richet note un véritable changement de paradigme. Alors que les années 2000 étaient marquées par le déploiement de grands systèmes intégrés, la transformation digitale d'aujourd'hui s'opère dans un système d'information éclaté et inter-organisationnel.  

“Nous sommes passés d’un système d’information de type “château fort” à un système ouvert de toutes parts. Une entreprise ne peut plus mener son projet de transformation digitale seule, il est désormais essentiel de convaincre ses partenaires externes de participer à la démarche de changement”.

Il cite en exemple l’entreprise américaine Walmart (multinationale spécialisée dans la grande distribution) qui, dans sa démarche de mise en œuvre d’une blockchain pour gérer la supply chain, s’est vu forcée de convaincre les fournisseurs d’y rentrer, sans quoi le projet n’aurait pas abouti. 

Les compétences nécessaires pour réussir 

Assurer le succès de la transformation digitale nécessite des compétences variées au sein des équipes. Jean-Loup Richet souligne la préparation insuffisante des managers, qui souvent manquent de compréhension des technologies impliquées.  

“Il leur manque généralement la compréhension de la technologie qui fait l’objet de la transformation : quelle valeur va être apportée, et quels seront les impacts sur le software (logiciel), l’hardware (infrastructure), l’humain ? Souvent on ne voit que l’un des aspects, alors que les trois sont impactés. Lorsque le groupe en charge de la transformation est composé uniquement d’ingénieurs, il peut y avoir une tendance à oublier l’humain”.  

Les compétences techniques sont cruciales, mais la gestion du changement est tout aussi importante. “Il faut développer une culture du digital, ce qui peut prendre plusieurs années, de 5 à 10 ans parfois” ajoute Jean-Loup Richet. 

L'adaptabilité est une compétence clé dans un environnement en constante évolution. Les équipes doivent être prêtes à ajuster leurs plans en fonction des évolutions internes et externes. De plus, les compétences en data analytics et data science deviennent incontournables dans un monde où la prise de décision est de plus en plus basée sur l'analyse de données. 

Favoriser une culture d'entreprise propice à l'innovation 

Bien qu'il n'y ait pas de recette miracle, Jean-Loup Richet met en lumière des pratiques efficaces. Combattre les résistances au changement, remobiliser les ressources et rationaliser les processus sont des aspects sensibles qui nécessitent un engagement continu. 

Jean-Loup Richet insiste sur le fait que le succès d'un projet de transformation digitale dépend du soutien constant du top management, qui doit encourager l'utilisation des nouveaux systèmes et lutter contre les résistances.  

“On se dit parfois que les collaborateurs s’adapteront, que le changement se fera seul avec la force de l’inertie. Mais en réalité, le changement génère des luttes, ce n’est jamais simple de l’accepter, d’autant plus quand il révolutionne des pratiques professionnelles bien ancrées. Une gestion rigoureuse et un soutien continu, y compris au plus haut niveau de l’entreprise, sont nécessaires tout au long du projet.”

Le Programme MBA Management et Data Science 

Pour répondre aux enjeux de la transformation digitale, Jean-Loup Richet présente un programme phare : le MBA Management et Data Science de l’IAE Paris-Sorbonne. Ce programme innovant adopte une approche “no code” (possibilité de créer un logiciel sans écrire de code informatique) pour permettre aux managers d'acquérir des compétences techniques sans nécessiter une expertise approfondie. En proposant une méthode rigoureuse et un campus virtuel immersif, le programme vise à fournir des compétences managériales, techniques et scientifiques nécessaires pour gérer la transformation digitale à l'ère de la data science. 

Le MBA Management et Data Science de l’IAE Paris-Sorbonne est accessible 100% à distance, avec une combinaison de sessions synchrones et d’apprentissage asynchrone. 

Pour conclure, Jean-Loup Richet résume les conditions essentielles de la réussite d’une transformation digitale. “Réussir cette transition nécessite bien plus que des compétences techniques. La compréhension approfondie des technologies, la gestion du changement et l'adaptabilité sont des compétences essentielles. Le soutien du top management et l'adoption de programmes de formation innovants, tels que le MBA Management et Data Science, sont des éléments clés pour assurer le succès de cette transformation majeure.”

Découvrir les formations IAE Paris-Sorbonne Business School